Inspirée par le Décalogue du cinéaste polonais Krzysztof Kieslowski et puisant la matière de son écriture dans les Œuvres de Miséricorde recommandées par l’Evangile selon Mathieu,  Tiphaine Raffier met en scène un surprenant spectacle choral. Agençant habilement jeux d’acteurs, chorégraphie, vidéo, musique en direct et changements à vue, « La réponse des hommes » fait formellement écho au travail dramaturgique de Jean Bellorini qui l’a précédé de peu au TNP avec « Le jeu des ombres ». Mais, cette fois-ci, l’enfer est sur terre et la metteuse en scène s’empare pendant trois heures trente de neuf des quinze oeuvres de charité que les croyants, ou non, se devraient de réaliser. Ainsi, pour questionner les maux du monde, Tiphaine Raffier aborde par exemple l’accueil des étrangers, la lutte contre la faim, l’assistance aux malades, la pédophilie, la justice, les secrets de famille, le cyberharcèlement. Elle se contente d’énoncer un catalogue sociétal de contradictions destinées à mettre le spectateur au cœur d’un dilemme moral. En revanche, pas de questionnement social ou politique. La quête d’une empathie avec le public semble l’emporter. Juste se poser quelques questions, le temps d’une représentation, mais agir, transformer, non. « La réponse des hommes » s’ouvre sur une scène de rituel cauchemardesque et s’achève sur un final apocalyptique. Entre les deux, sirènes d’alarme et affichettes reproduisant le triangle de Sierpinski (?) augmenté de la mention « Nous sommes désolés » ponctuent chaque séquence, signe de résistance ou signe de résignation ?

Tiphaine Raffier manie l’art de rester à la lisière des questionnements que soulève son écriture. Sa mise en scène, indiscutablement efficace et les prestations impeccables de tous les interprètes atténuent le reproche qu’on peut lui faire de ne pas s’engager plus clairement.

Michel Dieuaide

TNP Villeurbanne

Jusqu’au 12 février

www.tnp-villeurbanne.com