Léopold, brillant rejeton d’une famille issue de l’immigration, rate de très peu le concours d’entrée en fac de médecine et se voit proposer d’intégrer l’école de sage-femmes. Pour ne pas décevoir sa famille il accepte à contre-cœur, espérant pouvoir rejoindre le cursus médical par la suite . Mais il n’ose avouer la vérité aux siens et leur fait croire qu’il a réussi ! A l’école il fait d’abord preuve de beaucoup de mauvaise volonté mais un stage hospitalier, sous la houlette de Nathalie, une maîtresse sage-femme, changera son regard sur le travail dans une maternité.
Pour raconter cette belle histoire simple il fallait , le plus possible, coller à la réalité : toute invraisemblance risquait d’affaiblir le propos . Pour obtenir cette authenticité Jennifer Devoldere, la réalisatrice, et ses acteurs principaux ont effectué un stage dans un service de maternité. De plus des sages-femmes en activité ont été associées au projet dès l’écriture du scénario mais aussi sur le tournage : de nombreux membres du personnel hospitalier ( sages-femmes, médecins, aides-soignants et élèves sages-femmes) y jouent leurs propres rôles et, en même temps, se portent garants de la véracité des scènes. Il n’a pas été possible, bien sûr, de tourner dans un hôpital en activité : aussi la réalisatrice et son chef-décorateur, Jean-Marc Tran Tan Ba, ont-ils aménagé dans un bâtiment désaffecté le décor d’un service complet : salles de naissances, bloc opératoire mais aussi salle d’attente, salle des sages-femmes, couloir etc.
Mais ce qui fait qu’on croit à ce qui nous est montré, au point d’avoir presque l’impression d’être devant un documentaire, c’est la grande qualité des l’interprétation : Karine Viard incarne avec beaucoup d’autorité le personnage de Nathalie, femme de caractère, à la fois forte et fragile, épatante et touchante. Melvin Boomer est un Léo très convaincant : il sait traduire l’évolution de son personnage de façon progressive, nuancée. Mais c’est toute la distribution qu’il faudrait citer : chacun des acteurs est juste, à sa place.
« Sage-homme » est un film sympathique et utile . Il nous ouvre les portes d’un monde mal connu en nous faisant partager le quotidien d’une équipe de soignants, compétents et motivés, parfois en butte au manque de moyens ou à l’incompréhension de sa hiérarchie. Et il nous fait mieux connaître le beau métier de sage-femme, profession qui ne compte encore que 4,5% d’hommes parmi ses membres !
Jean-François Martinon
Illustration : Jennifer Devoldere et Melvin Boomer à la présentation du film à Lyon ( photo JFM )
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