« Shirine » à l’Opéra de Lyon : jusqu’au 12 mai 2022
Comme pour une équipe de football qui en a encore les moyens , l’Opéra de Lyon réunit autour de la création mondiale de « Shirine » les meilleurs joueurs possibles : le compositeur Thierry Escaich, l’écrivain Atiq Rahimi ( Prix Goncourt 2008 ) et le metteur en scène Richard Brunel, son récent directeur. Pas sûr que le résultat soit au niveau espéré.
On découvre cependant, inspirée d’une œuvre persane médiévale, la tragique histoire d’une belle princesse arménienne éprise de liberté dont les amours sont contrariées. Fort sujet aux évidentes résonances contemporaines sur le combat émancipateur des femmes. La première image du spectacle – un immense portrait d’une femme aux lèvres cousues – laisse augurer d’une réalisation puissante. Mais…
Musicalement, malgré l’impeccable direction d’orchestre de Franck Ollu, la partition aride, stridente et obsessionnelle d’Escaich épuise le texte et les voix. Rares sont les moments poétiques délivrés par l’intervention d’instruments traditionnels persans tels que le duduk ou la flûte naï.
Littérairement, les beautés lyriques et sensuelles du livret de Rahimi se perdent sur les écrans de surtitrage pour accompagner des textes en français !
Dramaturgiquement, en dépit d’une volonté pertinente d’actualiser la légende ancienne, Brunel, par excès d’intelligence à vouloir tout dire, plombe sa mise en scène par la sécheresse fréquente de la direction d’acteurs et la lourdeur de la scénographie.
Toutefois, la déception ressentie s’estompe grâce aux interprétations solides et émouvantes de la soprano Jeanne Gérard (Shirine), de la mezzo-soprano Majdouline Zerari (Chamira) et du baryton Laurent Alvaro (Bârbad).
Michel Dieuaide
Opéra de Lyon
Jusqu’au 12 mai 2022
photo ©Jean-Louis Fernandez